segunda-feira, maio 13, 2019

Fête de Saint Luc, patron des Médecins

Dr Yvon Rodrigues Vieira

Le porche au plancher vert pâle, formé par de petits hexagones, les murs avec la finition en ciment, un banc rustique, c'était tout ce qui constituait le bureau médical institué par les patients eux-mêmes, à la recherche de l’aide, sachant qu’il y avait là un médecin charitable qui exerçait son métier réellement comme un sacerdoce. Souvent, lorsqu'il rentrait du travail à la maison, une file d'attente serpentait déjà à partir du trottoir, passait par la porte de fer, ouverte à temps plein, jusqu'à arriver au porche.
- Le 18 octobre, la fête de Saint Luc, patron des médecins, c'est la journée des médecins au Brésil. Une autre occasion pour honorer mon père. Tous les jours de ma vie ne seraient pas suffisants pour lui rendre hommage.
À cette époque, il n’existait pas de SUS – Système Unifié de Santé –, ni unique ni universel. Avec la Constitution brésilienne fédérale de 1988 (CF-88), la santé est devenue droit de tous les citoyens et devoir de l'État. Mon histoire date d’avant même l'ancien INPS, créé seulement en 1966. Ceux qui ne pouvaient pas payer étaient traités comme des indigents, confiés à des entités philanthropiques. Et beaucoup d'entre eux étaient laissés à l'abandon, ayant seulement Dieu pour les aider, comme on disait. Heureusement, dans ce contexte primitif, il y avait des gens comme mon père à travers qui Dieu aidait.
- Nous étions des enfants, pieds nus ou portant des sandales, curieux et inquiets pour les patients, on se tenait à proximité de notre père pendant qu'il examinait les gens; parmi leurs toux, les éternuements et les pleurs, on recevait l'immunisation naturelle contre plusieurs maladies. Parfois, nous aidions ma mère à trouver le médicament prescrit dans les boîtes d’échantillons gratuits que mon père recevait des compagnies pharmaceutiques et qu'il réservait aux démunis. On respectait rigoureusement l'interdiction de les toucher – tout ce qui est expliqué scientifiquement est bien accepté par les enfants.
Homme de vaste culture et de grande expérience médicale, mon père était simple, catholique pratiquant, de communion quotidienne et une foi inébranlable. Jeune médecin, il avait parcouru l'État de Minas Gerais, au service de la santé publique; il a dû faire face à des situations les plus diverses et les plus difficiles, parfois dans des régions où l’on pouvait accéder seulement à dos de cheval. Cofondateur et professeur d'université à Belo Horizonte dans la première moitié du XXe siècle, il ne s'en est jamais vanté et il n'a reçu aucune rémunération pour tout son dévouement à l'enseignement.
Il était aimé et respecté par tous ceux qui l'ont connu. Progressivement consumé par une maladie dégénérative, il a faibli graduellement pendant une dizaine d’années – il a perdu sa mémoire, sa motricité… Il n’a cependant jamais perdu l’humilité, la patience et l'extrême politesse qui l’ont toujours caractérisé; on était honoré de prendre soin de lui, mais en même temps mal à l'aise de constater la disparition graduelle d'une personne avec de si nobles sentiments et qu'on aimait tant. Il nous remerciait tout le temps et s'excusait de nous donner du travail. Il est mort quelques jours avant d’avoir 74 ans.
- Quelque temps après la mort de mon père, un homme ivre, avec démarche titubante, passe en face de chez nous - c'était déjà dans un temps d'augmentation de la criminalité urbaine. Il reconnaît l'un de mes frères à la porte de la maison, bien qu'ils ne s'étaient pas revus depuis leur enfance, et il lui parle; il veut avoir des nouvelles de ma mère. Neveu d'une ancienne domestique qui a travaillé chez nous, il raconte à mon frère que les jeunes où il habite ne sont plus comme ils étaient; mais il les avertit toujours de ne pas oser toucher la maison du Dr Yvon, ce saint homme qui les a tant aidés.
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