quarta-feira, outubro 26, 2016

Les habitants de nulle part


Este texto em português: https://maviemontfils.blogspot.ca/2016/12/os-moradores-de-nenhures.html

On dirait qu'il y a toujours, quelque part dans le monde, une raison assez forte pour inciter les gens à quitter leurs pays. Bien que beaucoup moins nombreux que les catastrophes et les guerres, les appels de l’amour pour quelqu'un ou pour une profession, incitent également à la migration. Dans mon cas, ce fut l’amour… Qui prend mari, prend pays.
Je n’avais jamais imaginé d’aller vivre si loin. Il n’est pas facile de quitter nos proches, nos amis et notre profession. Choisir où est vraiment le bonheur… le choix pour l’amour m’a coûté le deuil de tout ce que j’avais accompli dans la vie. Les jours précédant le voyage ont été pénibles. Les préparatifs étaient comme un rite de passage. Les derniers instants avant de partir ont été pleins d’émotion. J’ai eu droit à un scénario cinématographique que je n’ai même pas vu. De l’intérieur de l’avion, je ne pouvais pas voir ma famille, ils étaient loin, sur la terrasse panoramique de l’aéroport. Ma vision était trop floue, les yeux larmoyants. Plus tard j’ai appris qu’ils me saluaient, et ma mère agitait un mouchoir blanc. Elle pleurait aussi.
Pas tous de la famille pouvaient venir à mon mariage. J’ai envoyé la vidéo, ils voulaient tout regarder. En dépit de l’incontestable progrès de la technologie de communication, vivre de l’autre côté de la planète est encore très loin. Mais l’amour pardonne tout.
Mon histoire est joyeuse, nous sommes un couple heureux. Je peux visiter mon pays d’origine – quand je peux. Après dix-sept ans d’exil volontaire, on finit par trouver cela presque banal. Je suis chanceuse, il n’y a pas de comparaison possible entre mon cas et ces terribles histoires de migration en raison de tragédies, comme on voit dernièrement, des milliers de personnes qui essaient d’échapper aux massacres et à la famine. Beaucoup d’entre eux ne pourront probablement plus jamais revoir leurs familles, certainement réfugiées ailleurs dans le monde ou tuées dans les conflits sanglants qui détruisent leurs pays.
Je n’ai pu être avec ma mère dans les moments avant sa mort ni pendant les rituels d'adieu à ce monde. J’ai pu voir son corps mort, en direct... je l'ai vu grâce à l’internet. Je n’ai pas agité mon mouchoir blanc.
Nous sommes si primitifs, encore si dépendants de notre propre poids... Nous n'avons pas la légèreté de la pensée qui, en fractions de seconde, voyage d'années-lumière. Arriverons-nous à ce stage un jour?
Des souvenirs qui ont marqué mon esprit, quand j’étais encore enfant, viennent à la surface quand je pense à l’exil… échos de moments douloureux de l’histoire de l’humanité. Il y a toujours eu beaucoup d’immigrants dans mon pays, mais j’ai témoigné un cas particulier chez nous, en chair et en os, et en chagrin. Une couturière autrichienne, qui travaillait à la maison des clients, nous a permis d’entendre l’accent de la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences. Gisela et son mari, un Allemand, avaient quitté l’Europe pour s’aventurer de l’autre côté de l’Océan Atlantique. Ils n’avaient pas d’enfants. Ceux qui restaient de leur famille ont continué à vivre en Allemagne de l’Est, sous le joug de l’ancienne Union Soviétique.
Peut-être parce que j’étais petite, je trouvais Gisela énorme, les mains beaucoup plus grandes que les dimensions auxquelles j’étais habituée. Sa voix aiguë, toujours dans une échelle plus haute que l’usuel, était plus surprenante que sa prononciation d’étrangère. L’élégance discrète des manières était remarquable, elle ne gesticulait pas beaucoup, donc elle prenait bien moins de place que chacun de nous, malgré sa grandeur extraordinaire. C’était une bonne personne, sans excès.
La situation des Allemands, même les innocents, était très difficile après la guerre. Le démantèlement de l’Allemagne nazie était une chose nécessaire, personne ne conteste cela. Mais essayons d’imaginer le peuple allemand qui a survécu dans un pays complètement détruit, portant un sentiment de culpabilité immense, en raison des atrocités commises par les nazis – la culpabilité qu’ils portent encore, même ceux qui sont nés après la guerre – et ils étaient sous le joug d’un autre régime fou, le communisme de l’Union Soviétique. Meilleure chance ont eu ceux qui étaient du côté ouest, pas le moindre doute là-dessus.
Ceux qui ont trouvé refuge dans les Amériques, où ils ont reconstruit leurs vies, ont été chanceux. Cependant, ils ont certainement souffert de la nostalgie.  Je trouve difficile d’échapper à ce sentiment.
J’ouvre une parenthèse : je ne parle pas des criminels de guerre qui se sont cachés dans le continent américain, parce que je ne peux même pas imaginer s’ils avaient un sentiment quelconque. Je ferme la parenthèse.
Gisela gardait le contact avec la famille en Europe. Cela devait lui apporter un grand réconfort. Elle avait appris que l'Allemagne allait beaucoup mieux, le pays avait ressuscité d'entre les décombres. Son orgueil blessé commençait à guérir. Une fois, elle a dit avec fierté : « L'Allemagne n’a pas des mendiants ». Je me souviens que nous avions critiqué ce commentaire, entre nous, comme si c’était une insulte à la nation où elle avait été si bien reçue. Est-ce que l’accueil avait été vraiment si bon ? Peut-être Gisela a dit cela par peur de devenir un mendiant. Pauvre... je comprends son sentiment d'insécurité ; c’est presque inévitable, lorsque nous vivons dans un autre pays, et même si nous sommes protégés par un système de soutien. Surtout quand nous n'avons pas d'enfants.
Lorsque son mari est décédé, Gisela a voulu retourner en Allemagne. Son beau-frère était aussi veuf, et lui avait écrit une lettre exprimant le désir de se marier avec elle. Une fois arrivée là-bas, elle n'a pas obtenu la permission de rester en Allemagne de l’Est (communiste), où son fiancé vivait. Le gouvernement l’a considéré trop vieille pour travailler, pour être productive. Sans d'autre choix, Gisela est retournée au pays qui l'avait accueillie. Elle nous a raconté, en larmes, ce rejet. Des années plus tard, Gisela est tombée malade, et c’est une famille de son pays d’adoption qui a pris soin d’elle jusqu'à sa mort.
Une histoire déchirante. Et il y en a beaucoup de bien pire.
C’est très triste quand un peuple perd tout, même sa liberté ; il est terrifiant quand un État autoritaire s’approprie de l'âme des personnes, et elles deviennent incapables de réagir. Jusqu'à ce que l’on atteigne un nouvel équilibre, beaucoup de souffrance est nécessaire dans la plupart des cas. Nous devons apprendre de l'histoire, car elle se répète. La tyrannie de l'État, de n’importe quelle idéologie, mène à la destruction. Tout le monde le sait, mais il me semble que nous sommes trop lents à réagir et le monde est encore plein de guerres et d’injustice, malheureusement.
En ces vieux jours de mon enfance, je ne pouvais pas calculer l’ampleur du chagrin d'un déraciné comme Gisela et de beaucoup d'autres qui quittent leur patrie pour s’aventurer dans des pays lointains n’ayant rien en commun, même pas la langue. Aujourd'hui, j’en ai une faible idée, car j’ai également changé de pays. Même si cela n’a pas été pour une raison dramatique. Je peux comprendre le « banzo » (mal du pays) des Noirs arrachés à l’Afrique… et comme des esclaves, une situation plus grave encore.
Bien qu'ayant été accueillie chaleureusement et même si je me suis assez bien intégrée à la société où je vis, je ne serai jamais complètement amalgamée avec les gens de mon pays d’adoption car c’est impossible de partager nos vécus et notre identité en tant que peuple; nous pouvons nous raconter nos histoires mais ce ne sera jamais comme avoir eu un parcours dans les mêmes circonstances. D’autre part, mes racines me manquent, ma famille, le lieu où je suis venue au monde, où j’ai grandi. Je trouve que ce n’est plus la même chose, tout a changé… peut-être moi-même. Ici et là, il y a un hiatus, une lacune que l’on ne peut pas combler.
Le temps ne revient pas en arrière pour que nous puissions vivre ce que nous avons manqué en notre absence. L'immigrant vit dans les limbes, sorte de nulle part. Il ne s'intègre pas complètement au pays d'adoption et perd le fil de continuité avec son pays d'origine. Il vivra nulle part, le restant de ses jours. 

Vive l'Amérique: version un peu différente, plus courte

sábado, outubro 22, 2016

Não julgueis

Solidariedade



Não julgueis, e não sereis julgados; não condeneis, e não sereis condenados; perdoai, e sereis perdoados;” (Lucas 6:37)

“Já repararam como ela anda com o nariz empinado?”, me contou uma das secretárias da clínica onde eu trabalhava, a frase que tinha disparado, contra mim, uma de minhas colegas. Isso já tem mais de 30 anos. Tem coisa que a gente não esquece. Se o verdadeiro perdão implica em esquecer a mágoa, como eu mesma escrevi no meu poema “Virtude”, que, por sinal, não tem nada a ver com esse caso, então tem muita coisa que não perdoei, pois ainda falta uma etapa.
Um assunto puxa outro, uma lembrança desencava outra. Foi assim que desenterrei esse entulho da minha memória. Quem sabe, o fato de escrever vai retirá-lo dos escombros e, assim, finalmente, vou esquecer.
Em uma conversa de rede social, alguém iniciou um tema sobre defeitos físicos que fizeram ou fazem crianças passarem por variados graus de intimidação, no convívio com outras. O famoso bullying existe não é de hoje. Entre os que se manifestaram, cada qual com sua história, para desabafar, ou para se solidarizar e amenizar o desgosto do outro, lá estava eu com uma de minhas imperfeições.
 Tenho uma ptose palpebral parcial no olho esquerdo. Isto quer dizer, grosso modo, que meu olho é mais fechado que o outro, o que ocasiona uma assimetria evidente. A pálpebra é preguiçosa, de modo que, além de o olho ficar menos aberto, ela não acompanha o movimento do globo ocular. Olhando para cima, a pálpebra esconde mais ainda o olho. Olhando para baixo, quase não se percebe.
Dito isso, dá para imaginar os gracejos que as crianças, cruelmente, faziam sobre o meu defeito, não é? Duas coisas me ajudaram a superar tudo isso, penso eu: uma porque eu era extremamente tímida (talvez em consequência do defeito, who knows?), outra porque, em casa, meus pais diziam que aquilo era um “it” e que eu era bonita – não menosprezem o poder que pode advir da palavra dos pais. Ninguém pode empoderar mais uma criança do que seus pais.
No que diz respeito à timidez, se ela pode ter sido consequência do complexo que me causava a ptose palpebral, foi também um fator que me ajudou a superar os ataques dos amiguinhos “da onça” na escola. Porque eu tinha vergonha de chorar na frente de estranhos, de parecer ofendida... então, eu sorria, amigavelmente, sempre, como se também estivesse achando engraçado. O meu sorriso era a minha arma. Imagino que, como minha atitude não tinha nenhuma conotação de revide ou afrontamento, a intimidação cessava imediatamente, por falta de feedback.
Também por causa deste olho “diferente” é que eu empinava o nariz (empino ainda, provavelmente, se não lembro de me policiar), ou seja, sem querer (querendo), eu levanto o rosto, para que a pálpebra não me atrapalhe de enxergar. E, ainda por cima, levanto a sobrancelha do lado afetado, na tentativa de puxar a pálpebra para cima, usando o músculo frontal como auxiliar. Foi meu oculista, no Brasil, que me chamou a atenção para isso, pois eu sequer percebia que usava este recurso.
Mas dá para compreender que alguém achasse que eu tinha ares de arrogância. Imaginem o quadro: cabeça para cima e sobrancelha levantada de um lado (sem exagero na imaginação, por favor... rs). É de dar antipatia, é ou não é? Essa é uma boa história para a gente sempre se lembrar de que as aparências podem enganar. E outra: temos que ensinar nossas crianças, e por que não os adultos, a respeitar as diferenças, sejam elas quais forem. E...  perdoar também! Senão, ficamos com a memória cheia de entulhos.
Virtude
Recolher as migalhas
De joelhos no chão
Perdoar silenciosamente
Não, se isso não vale nada
Recolher as migalhas
Silenciosamente
Perdoar de joelhos no chão
Esquecer completamente
Senão isso não vale nada
(VIEIRA-MONTFILS, M.C. Janela Virtual. Acton Vale, Canadá: COOLSEA, 2005)

terça-feira, outubro 18, 2016

Le médecin

English version
Versão em português

Le médecin, du latin medicus (« médecin » ou « apte à guérir »; « qui soigne, guérit ») – qui est-il? Qui est cette personne qui veut se mettre en position de guérisseur? Depuis la nuit des temps, toutes les communautés d’humains, aussi primitifs soient-ils, avaient quelqu’un qui s’occupait des malades, parfois considéré comme une sorte de magicien ou de sorcier, possédant des pouvoirs surnaturels. Les concepts ont changé mais on constate encore de nos jours une réminiscence de cette croyance, parce que l’on considère que le médecin d’aujourd’hui doit avoir une « vocation » et un certain talent pour exercer sa profession. Au moins, il doit être un étudiant performant, puisque dans la majorité des pays, l’accès au cours de médecine est réservé à ceux qui ont les meilleures notes ou qui réussissent les difficiles examens pour entrer à l’université. Et il est compréhensible que ce soit ainsi, car le médecin est celui qui va s’occuper du bien le plus important pour nous garder en vie, la santé.
Nous prenons pour acquis que la recherche de la guérison est une idée logique. Mais si nous nous arrêtons un peu pour réfléchir, si nous essayons de libérer notre esprit de son état de conditionnement habituel, nous nous retrouverons devant une attitude qui représente une tentative de contrarier la nature périssable de notre univers – de ce que nous connaissons de l’univers. En fait, le médecin serait un individu qui travaille toujours à contre-courant, son but serait d’inverser les processus naturels qui nous font périr. Dans ce sens, le médecin continue à être quelqu’un qui aurait une vocation pour le surnaturel, pas très éloigné du sorcier des tribus primitives. Le surnaturel, bien entendu, dans sa signification stricte, c’est-à-dire, au-delà des lois de la nature (de l’univers que nous connaissons). Bien sûr, pour soigner les malades, le médecin ne dispose que des outils qui ont été créés dans ce même univers et qui sont soumis aux mêmes lois. Mais il n’empêche qu’il s’agit d’une action pour contrer notre nature périssable. Tout cela semble paradoxal et je dis « semble » parce que nous connaissons si peu de nous-mêmes, qu’il serait arrogant d’avoir des certitudes.
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Il y a un conflit que je constate entre notre appartenance à cet univers périssable et notre propension à vouloir nous en sortir. Cette envie de longévité, serait-il un signe, peut-être, que la finitude ne nous sert pas, que notre intégrité n’appartient pas à ce standard offert par cet univers périssable que nous connaissons?
(Extrait de: VIEIRA-MONTFILS, M.C. Dans les coulisses du cancer. Petropolis, Brésil: KBR, 2015 [1]) 

The medical doctor

Versão em português
Version en français

The medical doctor: who is this guy? Who is this person, who desires to be a healer?
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Since the dawn of time, all human communities, even the most primitive, had counted on someone to treat sick people, sometimes considered a kind of magician or sorcerer, with supernatural powers.
The concepts have changed, but there is still today a reminder of this old belief; we still consider doctors must have a “vocation”, a “calling”, a special talent, in order to practice their profession. At least, doctors must be performing students, since in most countries the access to Medical School is reserved for those with better grades, or the ones who succeed the difficult exams to enter University. It is understandable, because doctors will take care of the most important asset we have, the very thing that will keep us alive – our health.
We take for granted the concept that the search for healing is a logical idea; but if we give it some thought, if we try to free our mind from its previous conditioning, we will see in this attitude a special attempt to thwart the perishable nature of our universe, what we know about the universe.
In fact, doctors are always working against the current; their purpose is to reverse the natural processes that make us perish. In this sense, until today it is expected from doctors a vocation to the supernatural, not far from the sorcerer of primitive tribes. I say “supernatural” in its strictest meaning, of course, that is to say, beyond the laws of nature (of this universe, as we know it).
Of course, in order to treat sick people, the doctors have at their disposal only tools created in this same universe, and subject to the same laws. It does not change the fact it is an action to counter our perishable nature – it seems paradoxical, and I say “seems”, because we know so little about ourselves that it would be arrogant to cultivate certainties.
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There is a conflict I observe between the concept that we belong in this perishable world and our propensity to escape it. The search for healing, the efforts to increase life expectancy, would that be a sign, perhaps, that finitude does not serve us? That our integrity does not belong in this pattern offered by this perishable universe, as we know it?
(Excerpt from: VIEIRA-MONTFILS, M.C. In the backstage of cancer. Petropolis, Brazil: KBR, 2015 [1])