segunda-feira, setembro 19, 2016

Réfugiés dans la mémoire

Jean Saint-Germain




« Les temps sont durs. La politique, les arts, le journalisme, l'université. Ça me gêne de chercher l’abri dans le passé. La douleur de vivre dans la nostalgie. » José Eduardo de Lima Pereira

Cette semaine, un écrivain et poète brésilien (il a plusieurs titres, j’ai choisi son talent d’écrire pour l’identifier), a laissé échapper une petite explosion de sentiments, sur les réseaux sociaux, que j’ai mise en épigraphe.
Je ne sais pas si cela nous arrive parce que nous devenons plus âgés, car nous ne nous identifions plus avec les changements de mentalité, au cours des années. C’est indéniable qu’il y a eu un développement remarquable dans le domaine de la technologie, par exemple. Mais aurait-il été suivi par un progrès aussi mémorable dans les autres domaines?
Il me semble avoir déjà entendu des reproches similaires, autrefois, de la part des générations précédentes. Mais c’est vrai, également, que nous ne voyons plus des personnes qui cultivent les mêmes valeurs comme dans les vieux temps. Autrement dit, la proportion de ces gens par rapport à la population générale ne semble plus être la même.
En fait, le monde n’est plus celui que nous avons connu depuis notre jeunesse. La face de la Terre est toute autre, effectivement, pour nous qui sommes déjà dans la deuxième moitié de notre propre siècle de vie. Nous ne voyons plus toutes les faces qui nous étaient familières, plusieurs de nos chers sont déjà partis.
Particulièrement la semaine passée, j’ai eu un sentiment semblable de désarroi en face du monde actuel. Une des personnalités remarquables de la société québécoise est décédée. C’était un homme bon, simple, dont la richesse était dans sa tête. Il était un inventeur, une vraie machine à idées. Il vivait de ça, il a élevé sa nombreuse famille avec la rémunération que ses inventions lui procuraient, mais sans jamais en tirer profit. Il était toujours en train de penser à quelque chose qui pourrait aider à mieux vivre, par l’utilité ou pour l’amusement. Comme ses enfants disent, il n’a jamais fait fortune, « il était un artiste, pas un homme d’affaire du tout. Mais il a vécu heureux, plus qu’un multimillionnaire.»[1]
Oui, je parle de Jean Saint-Germain. Je ne l’ai pas connu personnellement, mais j’ai vu des photos, et j’ai tellement entendu parler de lui et des histoires de ses inventions, que je l’imaginais comme un personnage de conte de fées. Avec sa longue barbe, ses cheveux sous l’effet du vent… le vent de ses idées géniales, probablement, car ça soufflait en t… intensément, disons. Son regard vers le haut, il voyait ses rêves tournés en réalité. Effectivement, il était une personne spéciale.
La semaine passée, on a perdu un morceau important, ce qui nous donne de la nostalgie. C’est comme si j’entendais le conteur Fred Pellerin, dans son monologue à propos du Québec… « C’était une fois, c’était un temps de mythes… les chemins étaient pas long, ils s’ouvraient sur du vaste… y’avait des poètes au pouvoir, y’avait des possibles à pleine clôture… »
Traversons-nous une période difficile sur la planète entière? Ou c’est moi? Il me semble qu’il n’y a plus d’enchantement à construire l’avenir, à planifier avec joie. Les règlements qui s’imposent pour les bons rapports entre nous, les humains, et entre nous et notre entourage sont plus raisonnables que jamais auparavant, mais les gens se battent pour les suivre, avec un esprit de guerre, les uns contre les autres. C’est contradictoire.
Je réussis à trouver que ce n’est pas désagréable de me réfugier dans la mémoire.

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