© Maria do Carmo Vieira-Montfils |
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Cela fait si longtemps que j’habite au Québec et que je suis en processus d’assimilation par sa culture, que je peux déjà dire sa devise « je me souviens », bien que l’intensité de mes souvenirs ne soit pas si grande ni si complexe comme celle des Québécois de souche et de couche, naturellement… Je ne suis pas venue au monde ici, mes ancêtres non plus. Mais on finit par s’attacher à l’écorce et à prendre son allure.
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Cela fait si longtemps que j’habite au Québec et que je suis en processus d’assimilation par sa culture, que je peux déjà dire sa devise « je me souviens », bien que l’intensité de mes souvenirs ne soit pas si grande ni si complexe comme celle des Québécois de souche et de couche, naturellement… Je ne suis pas venue au monde ici, mes ancêtres non plus. Mais on finit par s’attacher à l’écorce et à prendre son allure.
À
la fin février-début mars, la nostalgie du Temps des Sucres vient murmurer des
mots doux dans mes oreilles et mon cœur n’est pas sourd. En me promenant à l’intérieur
du pays, par les chemins de campagne – aux environs de chez nous, quelque part au
fond du rang, comme on dit – je me souviens des cabanes à sucre rustiques, très
rares de nos jours.
La
production du sirop d’érable est un des premiers signes du printemps... l’hiver
achève. La réalité du fait que nous sommes partie intégrante de la Terre est
plus évidente dans ces hautes latitudes. Nous sommes intégrés dans le rythme de
la Nature. L'action commence dans les forêts d’érables, les cabanes à sucre
littéralement à toute vapeur. Les racines des arbres s'étirent après un long sommeil et la sève
commence à monter: c'est du sang neuf qui circule.
Chaque
année, le rituel de fabriquer le sirop d'érable se répète, une tradition
héritée des Amérindiens et très appréciée par ici. Aujourd'hui, il y a une
production énorme par des systèmes modernes, industrialisés. Cependant, il
existe encore quelques cabanes à sucre à la mode ancienne – très peu nombreuses.
Essentiellement, il s'agit de faire un trou dans le tronc de l'arbre
(entailler) et accrocher une chaudière pour recueillir la sève. Ensuite, cette
"eau" est bouillie dans de grands récipients, à l'intérieur de la
cabane. Par évaporation,
la sève est concentrée en sirop 100% naturel.
Il
y a tout un vocabulaire typique de cabane, relié aux étapes de la production et
aux produits – à part le sirop, on peut faire plusieurs
friandises – les sucreries.
Dans
le bon vieux temps, à la fin de semaine, les familles et les amis se
rencontraient dans les cabanes pour des repas typiques, pour jouer de
l'accordéon et chanter des chansons folkloriques, ou tout simplement pour s'amuser
en même temps qu'on aidait dans les travaux. Tant de gens qui ne sont plus parmi nous...
Marcher
dans les bois à l'hiver n'est pas aussi facile qu'il n'y paraît, surtout pour une
citadine comme moi, qui vient d'un pays tropical, en plus. Les vêtements et les bottes d'hiver représentent une charge
considérable lorsqu'il s'agit d'aller ramasser toute l'eau à emporter dans la
cabane. Quand il y a encore beaucoup de neige au sol, on ne sait pas si le pied
va s'enfoncer ou non, si on marche sur une branche brisée, ou sur une roche. Moi,
en tout cas, j'avais de la difficulté. N'ayant pas cette coutume, on peut
imaginer comment je marchais en lenteur et les rires que ça provoquait, à
commencer par mon mari. Résultat: je préférais rester à la cuisine pour laver
la vaisselle. Dehors, juste pour prendre des photos et respirer de l'air pur.
Dans la
cabane à sucre c’est comme si on était chez un druide, comme si on était dans
un monde magique, pour goûter les plaisirs d'une "potion" délicieuse
qui est en train d'être préparée. On est enveloppé par un nuage sucré, ça sent
sucré, ça goûte sucré. La vapeur sucrée se condense au plafond puis on reçoit
des gouttes sucrées sur nos corps... les amis et la famille ensemble pour
accueillir le printemps en toute douceur. Dans le temps où j’allais à une
ancienne cabane à sucre – de mon
beau-père –, le bouilleur officiel était mon mari. On était les
premiers à arriver, très tôt, et les derniers à partir, au coucher du soleil –
il n’y avait pas d’électricité.
Dans ces cabanes rustiques, c’est
le bouilleur qui chauffe et qui fait bouillir. Et la cabane devient accueillante
tandis que l'eau se transforme en sirop. C'est lui qui opère ce miracle, le bouilleur. Puis,
les miracles... ça ne finit plus... le sirop change en tire, en beurre
d'érable, en grand-père... toute la douceur du monde dans la cabane. Puis... ça
change en printemps!
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Mes photos:
http://fr.trekearth.com/themes.php?thid=12123
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