Coriandrum sativum |
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Tu n’aimes pas la coriandre? Non, pas moi. J’ai une
intolérance viscérale à cette plante qui semble être inoffensive et si
appréciée par beaucoup de gens. Récemment, j’ai appris qu’elle fait beaucoup
parler et a même déjà été l’objet de recherches génétiques, tellement elle divise
les opinions gustatives (liens à la fin du texte).
Selon les chercheurs,
deux facteurs principaux peuvent être liés au fait d’aimer ou pas la coriandre,
bien qu'aucun verdict définitif n'ait été établi. L'un des facteurs serait la
coutume de l'utiliser dans les plats traditionnels de certaines régions de la
planète, favorisant ainsi l'habitude et le goût de leurs habitants. Mais même
dans ces endroits, il y en a qui ont une réelle aversion pour l'ingrédient,
ce qui a amené certains chercheurs à envisager une cause génétique comme deuxième
facteur.
Il
y a tellement d'aliments, tant d'épices que certains aiment et d'autres non, et
personne ne s'en soucie. Je pense que dans le cas de la coriandre, ce qui a
intrigué les scientifiques, c'est l'intensité de l'aversion de ceux qui ne
l'aiment pas, comme c'est mon cas. Pourquoi une telle répugnance?
Au
début des années 2000, Charles Wysocki, chercheur en neurosciences au Monell
Chemical Senses Center de Philadelphie, en Pennsylvanie, a testé des centaines de jumeaux uni et bivitellines qui
participaient au festival des jumeaux en Ohio, et a trouvé chez environ 80% des
jumeaux identiques la même réaction à la plante, contre environ 41% chez les
non identiques, ce qui a suggéré un substrat génétique pour cette
caractéristique.
Dans
le but d'essayer d'identifier une base génétique solide, deux autres études ont
été menées, l'une par Lilli Mauer de l'Université de Toronto, au Canada, en
2011, et l'autre par l'équipe de Nicholas Eriksson, de la compagnie 23andMe, en
Californie, en 2012. Toutes les deux études ont révélé des variantes dans les
gènes des récepteurs olfactifs et la recherche canadienne a démontré aussi dans
les gènes des récepteurs du goût amer, liées aux réactions à la coriandre.
Il
serait intéressant d'avoir plus d'études à ce sujet. Il y a un consensus sur le
fait que l'aversion est causée par l'odeur de la plante. Même si je ressens une
aversion intense à son parfum, je pense qu’il y a quelque chose de plus que
cela. Je pense que l'arôme est l'élément le plus évident, mais ce n'est pas le
seul facteur de motivation de ce rejet viscéral. Au moins dans mon cas,
l’ampleur de la réaction est beaucoup plus grande, bien que l’odeur que la
plante dégage joue également un rôle important dans l’aversion qu’elle me
provoque.
Chez
mes parents, nous n'avions pas un penchant pour les recettes plus élaborées et
bien assaisonnées. On avait l'habitude d'utiliser l'essentiel, à savoir le sel,
l'ail et l'oignon, l'huile de cuisson, parfois un persil, pas plus. Et c'était
très bien! Tout au plus, une sorte de piment fort, que ma mère adorait.
Pendant
un certain temps, nous avons eu une cuisinière plus créative, qui a décidé d'aller,
elle-même, magasiner les ingrédients pour cuisiner. Probablement, elle était
fatiguée de la monotonie gustative chez nous. Un beau jour, quand j'ai commencé
à manger, j’ai eu l’impression d’avoir avalé quelque chose d’étrange, mais
j’ignorais si c’était le goût ou l’odeur qui m’avait déplu. Et cela me
déplaisait à tel point que j'ai dû me dépêcher d'aller vomir, un acte que j'ai
une certaine difficulté à faire, dans d'autres situations nauséabondes qui se
présentent. J'ai déjà mangé des aliments que je n'aimais pas, par politesse,
sans problème, mais cette fois, c'était comme si mon estomac me disait, de
façon péremptoire: « - pas ça ! »
Je
ne pouvais pas avaler quoi que ce soit d'autre qui était dans cette assiette car j'ai remarqué qu'il y avait une odeur dégoûtant. Plus étrange
encore, personne à la table ne remarquait cette odeur dans mon assiette, seulement
moi. J'ai demandé à la cuisinière s'il y avait quelque chose d'inhabituel avec
la nourriture et elle a dit: « Oh,
j'ai acheté de la coriandre aujourd'hui et j'ai décidé de l'utiliser pour
l'assaisonnement. » Puis elle prit quelques feuilles restantes et me
les a fait sentir. C'était exactement cette odeur et j'ai eu la même réaction
encore. Inutile de dire que je garde distance de la coriandre depuis. Et en
plus de cela, l'épisode m'a rappelé une fois où j'avais mangé des fruits de
mer... Je suis sûre qu'il devrait y avoir de la coriandre.
Après
avoir vu les résultats de ces recherches scientifiques, je crois que
je dois posséder ce trait génétique. Je suis soulagé, ce n'était pas une crise
sans fondement.
Des
années plus tard… j'ai confirmé mon intolérance lorsque j'ai appliqué une crème
pour les mains et mes mains picotaient et sont devenues rouges. Je ne me
souvenais pas de la coriandre et je ne savais même pas qu'elle pouvait être
dans la composition d'une crème. En raison de la réaction du type allergique,
j’étais curieuse de lire les ingrédients: et la coriandre était bel et bien sur
la liste.
Je
pense que cette aversion est la manifestation de quelque chose de plus
complexe. Espérons que d'autres études en sortiront.
~~~~
P.S.: les études génétiques réalisées, qui ont constaté la sensibilité
aux aldéhydes, me rappellent un test effectué dans une classe pratique de
laboratoire lorsque j'étudiais la médecine. Le professeur nous a fait sentir
une substance qui, si je me souviens bien, contenait de l'aldéhyde, pour nous
montrer que certaines personnes étaient capables de remarquer l'odeur, d'autres
non.
~~~~
Image
par Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen - List of Koehler Images, Domaine
public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=255535
Références des études:
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