Il
était une fois une rivière d’antan aux cheveux blancs, toujours en turbulence
autour de ses roches – on l’appelait Rivière Blanche. Elle connaissait de
belles et longues histoires, car elle serpentait à travers beaucoup de villages,
avant de se déverser dans d’autres mots.
Marie,
une fille venue de loin, aimait aller au bord de la rivière pour écouter les
histoires du pays qu’elle racontait au vent. Ses paroles étaient poétiques,
parfois tristes, parfois joyeuses… C’était comme de la musique pleine de
sentiments:
On avait un roi, je me souviens,
j’étais fier de moi. J’avais un monde à bâtir. Il était donc une fois. L’océan
immense, déjà qu’il était connu. La
traversée parfois dure. Toutefois, l’espérance ne mourait pas.
On avait un roi, j’avais la foi, je
me souviens, j’étais fier de moi. Une mission à accomplir. C’était alors
autrefois. J’ai vu l’intempérance et les intempéries, la récompense de la terre,
la vie. Mon brin de gloire et les petites victoires.
On avait un roi, j’avais la foi, j’avais
la joie, je me souviens, j’étais fier de moi. La vie à réjouir, on avait le
droit. J’étais comblé, j’étais riche. Les champs
plein la vue. Je pouvais travailler, défricher la terre que l’on avait
reçue, cultiver, échanger, s’entraider. Tous ces mots pleins d’amour, à ma
façon de parler.
On avait un roi, j’avais la foi, j’avais
la joie…Un jour, le désarroi. Tout ce dont j’étais fier n’était plus serviable.
C’était fini. Ma terre n’était plus fiable. « Ces quelques arpents de
neige » n’étaient qu’un piège, on me l’a dit, mieux vaut le taire.
On avait un roi, il nous a laissé, était-il
mort? J’avais la foi, elle s’est brisée, j’avais eu tort? Non, ce n’est pas de
ma faute, mon âme sursaute, ma voix s’est affaiblie, mon esprit s’évanouit.
Long temps s’est écoulé depuis ce
passé d’incertitude, je me sens fatigué de ma solitude. Mais je m’aperçois, j’ai
encore mes droits. J’ai survécu, j’ai fait ma place. Ce n’est pas tout perdu sur
« les arpents de glace ».
Je me souviens, j’ai encore la joie, je
suis fier de moi !
Plein de mots de partage, je ne suis
pas anonyme. J’ai été peut-être sage, je suis vivant. Voilà mon héritage. Maintenant,
j’ai d’autres rimes et l’espoir qui m’anime.
Le
vent tombe, le silence. Marie se demande si elle est seule. Puis, elle a l’impression
que quelqu’un lui parle. Ce n’est plus la voix triste de la rivière qui dit :
Si tu as froid, viens avec moi. Je
t’offre ma laine, sans désarroi, pure et saine. Je t’offre aussi mon poème, que
je déclame moi-même, sans haine.
-
C’est vrai, l’histoire que je raconte, ce n’est pas un
conte. Ce sont des vers pour réciter, pour écouter, sans honte. Si les mots de
mon cœur, s’ils font ton bonheur, si cela te soulage sans peine, voilà, la
poésie n’est pas vaine !
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