sexta-feira, setembro 19, 2014

Réincarnation par la technologie

(écrit le 10 novembre 2012)
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 Trouville, France - 1998

Je m'étonne quand je vois comment la technologie est devenue si banale de nos jours, à portée de tous, avec autant de «dispositifs mobiles» qui permettent d’établir la communication presque instantanément, entre des lieux si éloignés.
En 1996 – à mon âge, ça ne fait pas si longtemps – j’avais déjà 16 ans d’oncologie dans mon curriculum, plongée dans l’étude de la chimiothérapie, dans le monde des molécules qui se disputent l’enjeu de vie et de mort, cet environnement de craintes et de rêves, d’actions et d’interactions, d’effets souhaités et d’autres moins désirés… C’est dans ce rude contexte qu’une nouvelle chimie est venue m’attraper, celle de l’amour.

Je voulais me moderniser, avoir les dernières mises à jour à propos des traitements oncologiques, avant même qu’ils ne soient annoncés aux prochains congrès d’oncologie. Peut-être, je n’aurais même plus besoin de voyager pour participer à des conférences, pour échanger d’information. Je pourrais tout avoir à partir de mon bureau, chez moi!
C’est avec cette idée en tête que j’ai commandé mon premier ordinateur. Le jour prévu, de grosses boîtes sont arrivées, pleines d’avertissements affichés, pleines de défis à relever. Je me sentais comme un enfant qui ouvre un cadeau de Noël. J’ai suivi rigoureusement les instructions – et il y en avait même pour la bonne façon d’ouvrir les boîtes. Le trésor se dévoilait en morceaux à déchiffrer, à assembler, à connecter.
Je me souviens que j’avais posé tant des questions à propos de la machine à un ami, qu’il m’avait donné un livre appelé « Windows pas à pas ». Oui, c’était un « PC » que j’avais acheté, un « personal computer » qui m’a guidé, pas à pas, vers le bonheur.
L’étape suivante était l’internet. La trousse nécessaire pour me connecter, installée au monde... Voilà, cela marchait! Je pouvais faire mes recherches des protocoles de traitement partout au monde!
Eh bien, en bonus, j’avais un logiciel de clavardage, le meilleur de tous les temps – je suis peut-être nostalgique – et j’ai commencé à l’utiliser pour pratiquer les langues que j’étudiais, comme loisir. On dit que rien n’arrive pour rien. Quelle coïncidence, j’ai rencontré un Québécois bilingue. Quand on dit « bilingue » au Canada, c’est sous-entendu que la personne parle anglais et français – justement deux des langues que j’étudiais. Nous avons commencé notre amitié par des échanges culturels. Nous échangions des informations à propos de chacun de nos pays, des adresses internet, des photos.
C’était fascinant, malgré la basse vitesse des connexions, en comparaison à aujourd’hui. Il fallait pratiquer la patience, ce que nous faisions avec grand plaisir et enchantement devant une telle merveille du progrès. Nous avons suivi l’évolution de cette technologie en même temps que notre relation, elle aussi changeait. Mais je ne savais pas encore que je naviguerais si loin et que mon port d’arrivée serait au nord.
Nous sommes devenus des amoureux et j’ai fini par déménager au Québec en 1999. Ma vie et mon environnement ont changé complètement. Je dirais que c’est comme une réincarnation – je ne peux plus dire que je n’y crois pas. J’ai eu la chance de vivre une deuxième vie. Science, technologie et amour : c’est une belle histoire qui perdure. C’est le bonheur.
Beaucoup de changements sont encore à venir pour l’être humain, c’est certain. Je ne serai pas témoin, mais je pense que la technologie sera un jour en mesure de nous dématérialiser à l'endroit où nous sommes et nous ré-matérialiser à distance – comme dans la série Star Trek – la vraie réincarnation par la technologie.
Ah! Si je pouvais aller à ma terre natale de cette façon, voir le "Belo Horizonte", et que le voyage pour y arriver ne durait que quelques secondes...

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