quinta-feira, abril 22, 2021

La guitare avatar

 

Português

Ceci est la traduction d’un texte que j’ai écrit en décembre 2017. Je veux laisser cette petite histoire aussi en français, car je vais donner ma guitare à quelqu’un de la famille de mon mari - une forme de lui rendre hommage. C'est aussi un hommage à ma sœur, pour sa fête demain, 23 avril – elle aurait 71 ans. Elle serait contente de savoir que ma guitare avatar aura enfin quelqu'un qui saura en faire bon usage.

Ma sœur et sa guitare
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-        Qui joue à la guitare ici ? – quelqu’un m’a demandé. Mon mari ne joue pas, moi non plus.

Mais nous en avons une chez nous, avec une histoire spéciale. J’ai déjà pensé à vendre ou la donner, mais elle ne veut pas s’en aller. C’est une sorte d’avatar qui représente part de l’histoire de ma vie.

Elle reste dans son coin, en silence, dans sa boîte originale, telle comme quand je l’ai achetée. Parfois, quand je suis seule à la maison, elle sort toute désaccordée et me demande de l'ajuster – si, je sais faire cela, je l'ai appris quand j'étais petite. Je profite de ces moments pour chanter des chansons d'autrefois, qui m'emmènent des souvenirs. Mais ce n'est pas long que je cède aux douleurs de mes mains laïques en musique, et l'avatar revient à son rangement, protégé de la poussière.

Enfant encore, j'ai appris avec mon père des accords très simples, pour accompagner une chanson folklorique que je n'entendais chanter que pendant mon enfance, jusqu'à mon adolescence, et puis plus jamais. Le max que j'ai réussi à évoluer dans cet art, c'était d'appliquer ces accords aux comptines et berceuses. Et puis, en regardant ma sœur et en essayant de l'imiter, j'ai réussi à rendre mes doigts un peu moins rouillés, ils ont même commencé à former des callosités aux extrémités – après beaucoup de douleur. Mais l'effort a été vain, je manquais d'agilité, je manquais de talent. Il ne me restait qu'à chanter dans la sphère domestique, en chœur avec d'autres, donc mes échecs n'étaient pas en évidence.

« À quelque chose malheur est bon »... J'explique. C'est parce que je reçois des compliments de mon mari, il dit qu'il aime m'écouter, quand il me surprend en flagrant délit. Je considère cela comme une preuve d'amour, je suis chanceuse. Mais j'évite d'insister sur le mal... il peut changer d'avis.

Revenons à l'histoire de l'avatar... Un mois après la mort de ma sœur, je suis retournée chez nous au Canada. Ma mère, mes frères et moi – je ne me souviens plus qui a lancé l'idée, peut-être moi-même – nous avons tous convenu que la guitare de ma sœur viendrait avec moi. Mais elle ne voulait pas s'exiler, la possibilité de voyager si loin de son amie de tant de moments joyeux et sacrés a été rejetée. Lorsque j'étais au « check in », on m'a empêché d'entrer dans l'avion avec l'instrument. Il devrait aller dans le compartiment à bagages. Je ne voulais pas que la guitare traverse cette expérience, j'avais peur qu'elle se blesse. J'ai préféré la laisser avec ma famille.

J'étais triste, comme si un autre morceau de ma sœur se déconnectait de moi. S'il y avait encore des pleurs à verser, si des larmes avaient été retenues auparavant, elles se sont effondrées pendant le voyage. Cela a été cathartique.

J'ai repris ma vie. Un jour, lors de mes promenades, je me suis retrouvée devant un magasin de musique. Il y avait toutes sortes d'instruments à vendre. Même si je me demandais à quel point ce serait utile, j'ai acheté une guitare – l'avatar.

Cela n'explique peut-être pas logiquement pourquoi j'ai l'instrument chez moi, ça a l'air excentrique. Mais, comme dit le dicton: Ça prend toute sorte de monde pour faire un monde.

 

Ma sœur et sa guitare

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