segunda-feira, maio 28, 2018

Même les roches poussent



« Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Albert Camus
 
La danse de notre chère planète autour du Soleil se fait sentir plus intensément dans ces latitudes éloignées de l'équateur, comme ici au Québec, nous asservissant aux changements saisonniers. Gel-dégel, lumière et obscurité qui s'alternent chaque année, c'est notre réalité. Nous y pensons toujours, nous faisons nos projets en fonction de ce cycle. Même les émissions de télévision sont saisonnières ici, plusieurs ont une relâche pendant les cinq mois les plus chauds – moins froids, disons – tout simplement parce qu'il n’y aura pas d'audience, tout le monde est dehors.
Les gens sortent à la recherche du Soleil pendant les heures où ils ne travaillent pas. Le jardinage est l'activité la plus répandue. Et c'est une question d'honneur de garder les pelouses esthétiquement parfaites. L'un des sons d'été les plus entendus est celui des tondeuses à gazon.
En passant, laissez-moi vous dire que je ne me plains pas, car avec le temps glacial qui fait au Canada, la plupart de l'année, personne ne se plaint de l'été, et encore moins moi, avec ma « tropicalité » déjà un peu affaiblie.
Maintenant, au mois de mai, la nature s’est réveillée, la vie se manifeste partout. Tout germe, tout pousse, même les roches! 😊 Les agriculteurs doivent les retirer des champs chaque année, afin qu'elles n'entravent pas la plantation. Cela m'intrigue chaque fois que je les vois "récolter" des roches et me fait penser au mythe de Sisyphe de la mythologie grecque [1] et aux paroles du livre de la Genèse : C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain (Genèse 3:19). C'est un geste répétitif, comme un symbole de l'homme et son sort dans ce monde – et pas seulement l’être humain – comme un châtiment qu’il faut subir, la destinée d’accomplir des phases et des étapes dans un cercle vicieux.
Je n’étais pas habituée aux changements saisonniers si frappants. Je m’émerveille de ça et, en même temps, je m’étonne avec ces phénomènes dont je n’avais jamais soupçonné l’existence. Je me suis mise au courant de celui-là parce que j’habite à côté d’un champ de plantation et j’étais intriguée de voir les agriculteurs ramasser des roches. Les natifs de la région trouvent cela si banal que ce n’est même pas un sujet de conversation. Pour eux, cela n’a rien d’exceptionnel, c’est naturel qu’il y ait de nouvelles roches de différentes formes et grandeurs, à chaque printemps. Pour répondre à ma question, mon mari – un Québécois m’a expliqué le phénomène comme quelqu’un qui parle d’un sujet trop évident.  
Je n'ai pas douté de ce qu'il a dit, mais je voulais une explication officielle, principalement pour être en mesure de l'enregistrer par écrit, avec une référence à consulter pour ceux qui pourraient lire mon texte. Ce n'est pas un thème facile à trouver sur le Web, j'avais déjà cherché de quoi de fiable et n'avais pas trouvé. Enfin, avec persévérance presque obstinée, je l'ai eu. L'audio et le texte disponibles sur le site Web ci-dessous (à la fin de ce texte), sont liés à l'Université de l'Indiana aux États-Unis – supposément crédible. Et c’est exactement ce que mon mari m’avait expliqué.
En résumé, les roches sont de meilleurs conducteurs de chaleur que le sol, de sorte qu’elles conduisent – retirent – la chaleur du sol plus chaud en dessous. Ce sol, rendu plus froid sous la roche, gèle donc avant la terre qui est à la même profondeur, autour de lui. Rappelons-nous que lorsque l'eau gèle, elle se dilate. Alors, quand l'eau dans le sol sous la roche gèle, elle se dilate et la pousse un peu vers le haut. Quand le sol dégèle, il reste un espace sous la roche qui se remplit de terre, de sorte qu’elle devient un peu plus haute. Au fil du temps, ce processus répété de congélation, d'expansion, d'impulsion vers le haut et de remplissage en dessous pousse finalement la roche à la surface.
Mais ce phénomène n’est qu’un détail. Ces temps-ci, le centre de nos attentions est le Soleil. Le 21 juin, il sera à la latitude nord maximale, le plus proche de nous qu'on peut l'avoir, le Tropique du Cancer, au sud de la Floride. C'est alors que nous aurons le plus long jour de l'année, le célèbre solstice d'été de l'hémisphère nord. S'il vous plaît, ne pensez pas que c'est de l'ostentation quand je parle de cet événement astronomique! Tout le monde le sait ici, ce sera quand les jours vont commencer à raccourcir 😱; il faut planifier notre vie en fonction des changements saisonniers.
Mais nous aurons encore de la chaleur et même de la canicule pendant les mois de juillet et d'août. À cette période de l'année, on se croirait à la plage; dès qu'ils arrivent du travail, les gens enfilent des vêtements légers, des sandales... et il y en a même qui se promènent en bikini. Cela ne prend pas longtemps et la peau devient rouge, mais personne ne s'en fiche. On pourrait croire que la mer est juste là, en tournant le coin de la rue. Mais non, la ville où je vis est bien à l'intérieur du pays.
Quinze jours au mois de juillet sont officiellement prévus pour les vacances du personnel de la construction – tous les travailleurs de tous les grades, directement ou indirectement impliqués dans la construction ou la rénovation de quelque chose, partent en vacances. En plus du volume de touristes venant de l'étranger, le nombre de personnes qui circulent à travers les villes se multiplie énormément. Tout est bondé! Festivals à profusion, spectacles, nombreuses activités de plein air... L'été explose en fête, c'est une euphorie généralisée.
Moi, j’ai succombé à la joie du jardinage, j’ai embarqué dans la passion de fleurir la vie. Ce n’est pas aussi efficace qu’écrire, mais une bonne thérapie quand même. Eh bien, mon jardin m’attend, je dois aller dehors, je vous laisse.
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Ci-dessous, le lien de l'Université de l'Indiana :
https://indianapublicmedia.org/amomentofscience/how-rocks-appear-your-garden/
Et pour découvrir pourquoi ces terres sont si rocheuses, jetez un coup d'œil à cette explication :
Voici d’autres textes que j’ai écrits au sujet des roches printanières, en portugais :
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[1] "Sisyphe" est un personnage de la mythologie grecque, condamné à rouler, avec ses mains, une grande roche jusqu'au sommet d'une montagne, et chaque fois qu'il approchait du sommet, la roche roulait de nouveau au point de départ, où il devait recommencer.

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