Il
est probable que les légendes cachent un fond de vérité, on s’en doute. Moi, en
tout cas, je n’ose pas dire tout simplement : - Ah, ce n’est qu’une légende ! Attention, « il n’y a pas de
fumée sans feu ».
En
2017, on est allé aux Îles de la Madeleine. Ce fut un voyage magnifique, j’ai
adoré ! J’ai écrit un texte basé sur mon carnet de voyage (1), pour enregistrer
les bons souvenirs. Mais je n’ai pas tout raconté. Par exemple, il est arrivé
quelque chose de bizarre quand on a visité la Pointe-aux-loups, une région des
Îles.
Pour
chaque endroit, je cherchais la localisation sur mon appareil mobile, pour
avoir la météo à jour. C’est ce que j’ai fait aussi en arrivant à la
Pointe-aux-loups, je n’ai pas eu de problème pour trouver le toponyme – je l’ai
gardé. Le jour suivant, quand je me réveille et regarde la prévision météo…
Tiens, tiens… le nom de la place avait changé, comme par magie. Où j’avais
enregistré Pointe-aux-loups, c’était écrit « Le Buttereau-du-nègre » ! Comment
ça ?
Je
fouille sur Internet, en commençant par la carte et, voilà, le nom est là, dans
la région de la Pointe-aux-loups; mon appareil a probablement raffiné la
localisation. Tout de suite, j’ai fait une recherche sur ce nom intrigant et
j’ai trouvé une légende populaire.
Voici
un récit que j'ai copié de la page en référence (2), à la fin de ce texte: « Vers 1870, un naufragé noir échoue sur une plage de la
Dune-du-Sud, près de Havre-aux-Maisons. Les habitants l’ensevelissent comme il
se doit, dans la dune adjacente. Or, plusieurs années durant, le cadavre
réapparaît, la face tournée vers le ciel, et chaque fois, les Madelinots le
ré-enterrent. Après quelques années, on procède donc à une nouvelle sépulture,
cette fois le cadavre face contre terre. Peine perdue. On décide alors de
construire un cercueil et d’ensevelir le naufragé plus profondément et selon
les rites habituels. Cette fois semble la bonne, mais des phénomènes étranges
continuent de se produire : la nuit, des lueurs apparaissent au-dessus du buttereau,
« en passant là les chevaux prenaient peur ; les roues de charrettes se
détachaient ; les menoires cassaient » (Chiasson, Les légendes des îles de la
Madeleine, Les Aboiteaux, 1969, p. 103). »
D'autres récits disent que tant que le Noir n'a pas été enterré
avec les rituels catholiques, il continuait à revenir en surface. Ils disent,
aussi, que sur cette place ni route ni maison ont été construites, depuis ces
événements.
Enfin, le problème ne semble pas complètement résolu encore.
N'est-ce pas bizarre que ce toponyme, dont je n'avais jamais entendu parler, ait
pris le dessus sur l'autre que j'avais choisi ? Une façon virtuelle de revenir
en surface encore ! :-)
Mais il y a d'autres problèmes ajoutés. La Commission de toponymie du Québec devra changer ce nom, parce que le mot « nègre » n'est plus
politiquement correct (3). En plus, le toponyme n'est pas associé à un endroit
précis, donc il n'apparaît plus sur bien des cartes modernes. On verra bien
s'ils vont réussir à enterrer toute cette histoire, un jour. J'en suis
sceptique. :-/
(1) Carnet de voyage
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