Suite à la réapparition
de la fièvre jaune au Brésil, avec des taux élevés
de mortalité et aussi les surprenants cas dont le système immunitaire ne répond
pas au vaccin contre le virus – heureusement peu nombreux –, l'utilisation de produits anti-moustiques et de moustiquaires s'est avérée indispensable.
Malheureusement, les moustiquaires ne sont pas très appréciées par les
Brésiliens. Plusieurs se plaignent que le matériel et l'installation sont très
chers, mais s'ils avaient commencé à les poser sur une fenêtre à la fois,
depuis le début des épidémies de dengue, toutes les fenêtres et les portes du
pays en seraient déjà garnies. J'ai
entendu dire qu'il y a des condos qui ne permettent pas l'installation pour ne
pas défigurer les façades des bâtiments. Il y a aussi ceux qui prétendent que la
moustiquaire rend le passage du vent difficile, empêchant le soulagement de la
chaleur accablante de l'été. Je n'ai pas de mots pour ça !
Pour
les moins fortunés, je crois que la protection devrait être fournie par l'État.
Souvent,
nous ne nous apercevons pas que le contexte dans lequel nous vivons est arrêté
dans le temps et qu'il y en aurait place à l'amélioration. Moi-même, je n'ai
jamais remis en question ce manque, avant que les épidémies urbaines de
maladies transmises par les moustiques ne commencent et avant que je rencontre
mon Québécois.
Nous
avions, chez nous au Brésil, des moustiquaires sur les lits. Pour moi, c'était
vraiment un tourment de passer la nuit à entendre le bourdonnement des insectes
autour de cet attirail, en essayant de trouver une brèche pour entrer. Je ne
m'endormais qu'après des heures d'épuisement. Il y avait aussi des gadgets
électriques qui dégageaient une substance répulsive, mais nous craignions que
cela ne soit nocif, avec une utilisation prolongée
– moi, je préférais prendre ce risque.
C'est
alors que j'ai rencontré mon Québécois sur Internet – cette histoire fait
couler beaucoup d'encre 😉 – et il était étonné de savoir que nous n'avions pas de
moustiquaires sur toutes les portes et fenêtres. Ici au Canada, tous les
bâtiments en ont. C'était un autre avantage de l'avoir rencontré, je me suis
dépêchée de poser des moustiquaires sur toutes les fenêtres et aussi sur les
portes extérieures, avant qu'il nous rende visite. Ma mère fut la
plus grande bénéficiée, elle est passée indemne de toutes les épidémies de
dengue et d'autres, au cours de ses dernières années de vie, ayant atteint
presque l'âge de 100 ans, sans danger.
Mais pas seulement les
maisons du Brésil qui n'ont pas de moustiquaire. Les hôpitaux non plus !
Au moins, ils n'en avaient pas (seulement les salles d’opération, les unités de
soins intensifs et certains départements spécifiques étaient protégés). Ce fut
l'une des premières observations faites par mon mari, lors de sa visite à
l'hôpital où je travaillais, en 1998. Il a trouvé que c'était une beauté
d'avoir des portes et fenêtres ouvertes, des jardins intérieurs avec le charme
de l'aménagement paysager. Mais il a tout de suite interrogé sur les
insectes... et il n'a aucune formation spécialisée dans le domaine biomédical ! De toute
évidence, c'est un manque de jugement de notre part.
Pas
seulement les insectes qui profitent du droit d'entrer librement. Des animaux
beaucoup plus grands font aussi leurs incursions, à la crainte de certains,
parmi eux, moi-même.
Il
était une fois une femme médecin qui était de garde dans l'hôpital et a été
appelée le soir, pour voir un patient. Oui, c'était moi. J'ai examiné le
patient dans sa chambre, puis je suis allée au poste de garde pour donner les
directives à l'infirmière qui était là. À une extrémité du long comptoir, j'ai
commencé à prescrire et à remplir des formulaires pour les tests que le patient
devrait subir. À l'autre bout, l'infirmière était assise à côté du comptoir, en
attendant la paperasse que je produisais.
L'hôpital
avait des jardins intérieurs qui donnaient passage à d'autres ailes et
départements. Il faisait très chaud. La porte du jardin attenant était ouverte,
de même que la fenêtre de la pièce. Une brise nocturne circulait, agréablement,
et atténuait la chaleur et les odeurs pharmaco-hospitalières.
Soudain, quelque chose
de plus dense que la brise entre par la porte, en bruissant
dans l'air – vuf, vuf. La pièce n'était pas grande, en un instant le monstre
ailé est passé au-dessus de ma tête. Il ne m'a pas touché, mais
j'ai ressenti le déplacement de l'air très proche et j'ai vu l'ombre de l'animal sur le comptoir où j'écrivais. Immédiatement, j'ai su que c'était une
chauve-souris – et ce n'était pas
Batman.
J'ai
été prise par une peur incontrôlable. J'ai réussi, à peine, à réprimer mes
cris, qui sortaient comme des gémissements étouffés. Déboussolée, je suis allée
vers l'infirmière, je me suis accroupie à côté d'elle, en me rétrécissant le
plus que je pouvais, presque en position fœtale, et j'ai protégé ma tête avec
mes mains. Et, encore plus vexatoire, je crois que j'ai appuyé ma tête sur ses
genoux – ma mémoire essaye d'effacer cette partie, mais je crains que ce soit
vrai 😳. L'infirmière est restée imperturbable, peut-être paralysée par ma
réaction – une médecin qui est venu en aide à un patient et paniquée à cause
d'une chauve-souris.
À
ce moment-là, nous ne savions plus où était l'animal. J'ai retourné à ma
chaise rapidement, très gênée, en essayant de retrouver ma dignité... 😏. Pour
compléter la scène, un jeune homme en uniforme du secteur d'entretien
arrive, avec un énorme filet semblable à celui pour attraper des
papillons et avec un long câble. Il a
vérifié partout mais n'a pas trouvé la chauve-souris. Peut-être, était-elle
sortie par où elle était entrée, ou pire, s'était dirigée vers d'autres pièces de
l'hôpital.
Tout cela est très
grotesque ! L'hôpital n'est pas un endroit pour
chauve-souris! Pas non plus pour des moustiques qui transmettent des maladies,
pas pour les moustiques point. Et je laisse d'autres cas
"poilus" pour une autre fois...
Chaque
fois que je me souviens de cet épisode, je me souviens aussi d'un autre, que l'humoriste
brésilien Jô Soares a raconté sur Max Nunes, producteur de son émission et autrefois
médecin, terrifié par les papillons de nuit. Selon l'artiste, il a passé une
nuit entière dans la chambre d'un patient, car chaque fois qu'il ouvrait la
porte pour partir, il y avait un papillon de nuit qui volait au couloir. Le
patient n'a jamais eu un médecin aussi dévoué ! C'est très drôle l'écouter à raconter
ce cas. Bon, au moins je suis en bonne compagnie dans mes peurs...😟
Mais, s'il vous plaît,
posez des moustiquaires si vous voulez laisser entrer de l'air !
Pour
compléter:
Je
n'ai pas trouvé la vidéo où Jô Soares raconte l'histoire, mais j'ai trouvé une avec la fille de Max Nunes, également dans une émission de Jô (en portugais):
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