Source de la photo: bhnostalgia.blogspot.com.br |
“Would you know my name / If I saw you in heaven? / Would it be the same / If I saw you in heaven?” Eric Clapton
1947,
une photo avec vue aérienne de ma ville natale, Belo Horizonte. Un matin
d’hiver, les camions arrivent pour approvisionner le Marché Central, et
beaucoup de charrettes stationnées, en attente des clients. Peu de voitures en
circulation, c’est tranquille. Quelques passants traversent l’Avenue Amazonas,
pressés, à grands pas. La belle rosace de la ville, la Place Raul Soares, domine
le paysage sans gratte-ciel, les montagnes en arrière-plan.
Tout
à coup, je suis tombée dans un tunnel de temps, quand j'ai vu cette image envoyée
par mon frère, par courriel, montrant une petite partie de la première maison
où nos parents ont vécu, où ils ont commencé leur vie de jeunes mariés. Nous n’étions
pas venus au monde encore, mais c’est comme si nous étions présents. Elle était là, notre mère, ce petit point blanc
au balcon de la maison. Elle semble nous regarder, en haut d’un bâtiment ou dans
un aéronef qui survole mystérieusement la ville. Elle ne savait pas, ni le photographe
ne pouvait imaginer que nous étions là-bas, que l’on regardait à travers ce
point de vue, à travers le temps. Une Hudson
1942 stationnée près de la porte d'entrée nous montrait que notre père était là
aussi.
« Qui cherche trouve. » C’est ce qui
est arrivé à mon frère. Il a tellement cherché une photo avec cette maison,
dans les vieux jours, qu’il a fini par la trouver. Et cette trouvaille a été encore
plus fascinante, car c’est arrivé deux jours, à peine, après notre
conversation à propos de quoi et de comment pourrait être la vie après
la mort. Moi, j’ai mes croyances, à ma façon, et me demandais si les individus
conserveraient un peu de ce qu’ils ont été à notre phase. Nos proches qui sont
déjà partis, par exemple, auraient-ils encore un vestige de leurs affinités
avec nous dans cette dimension?
Resterait-il,
en eux, une certaine mémoire archaïque des sentiments tendres qu’ils avaient
pour nous, compatible avec l'énergie ou quoi qu’il soit le matériau dont le prétendu «corps et âme» est fait? Auraient-ils conscience des liaisons
génétiques qui nous connectaient? Ou seraient-ils
tellement métamorphosés dans la grandeur infinie de l'amour et de la
compréhension au-delà de nos frontières, que nous, encore dans cette vallée de
larmes, serions pour eux comme de la poussière presque invisible?
Ce
sont des interrogations que l’on se pose, tous, je crois que même les plus
sceptiques. Nous avons une intuition qui nous pousse à croire à la continuité
de chacun, quel que soit le modèle de civilisation dans laquelle nous vivons,
quelle que soit l'influence reçue, en dépit de toutes idéologies ou
théories contraires que nous essayons d’imposer à nous-mêmes. Cela fait partie
de notre primitivisme intellectuel? Je ne sais pas. En tant que sentiment, bien
sûr, cela fait partie de la phase de deuil dans laquelle nous sommes.
Cette
photo semblait une réponse venue d'au-delà, un regard maternel à travers le
temps - le temps, cet élément mystérieux qui nous restreint. Cette image reculée est venue
toucher nos émotions, parce que la communication avec notre infime intelligence
serait impossible. Un contact d'un passé lointain, comme nous sommes,
nous-mêmes, des passagers antiques d'un aéronef qui voyage vers un
avenir inconnu.
Un
sentiment indescriptiblement bon s’est emparé de moi. J'ai eu l'impression que
cet amour infini qui entrelace tous, qui nous rachète de nos pas sans but et tellement
confus, devrait être en mesure de reconnaître les identités et les affinités.
S'il y a de la compréhension de tout, il y aura de la magnanimité pour repérer
et partager nos liens affectifs, quoique libre d’attaches.
Quoi
qu'il en soit, je suis très reconnaissante de la formation chrétienne que j'ai reçue
de mes parents. Tout dans le
monde d'aujourd'hui m'amène à renforcer cette idée. Cette éducation a inculqué
l’espoir dans mon esprit et la conscience que je dois me battre contre mes erreurs,
mes faiblesses, mes peines, dans la foi que nous serons hors de notre propre
portrait, par Lui, avec Lui et en Lui.
“Et vogue
le navire...”
Texto magnífico! Não só porque é muito bem escrito, mas também porque nos faz refletir sobre nossas dúvidas antigas e sobre as dúvidas novas que o texto nos impinge. Se o texto reforça nossas dúvidas e nos presenteia com outras novas, também fortalece as nossas certezas, a exemplo de que "Se há grandiosidade e compreensão de tudo, há de haver magnanimidade para o reconhecimento e partilha de nossas ligações afetivas, mesmo que livre de amarras."
ResponderExcluir- Luiz Otávio de Lima Pereira, de Belo Horizonte, Brasil.