« Ce ne sont pas les immigrants et les
anglophones qui menacent la survie de notre langue, c'est nous ! »
Richard Martineau, sur Facebook
Le
texte de Richard Martineau (« Xavier Dolan a raison »[1])
ainsi que les commentaires de ses lecteurs sont fondés, d’après moi, sur une
vision des gens qui habitent la Grande Région Métropolitaine de Montréal (la
ville et ses banlieues). Montréal est l’endroit où se concentre la population d’immigrants
au Québec, pour ça les Montréalais ont cette impression d’être « envahis »
par d’autres langues, d’autres coutumes. Ça va changer, toutefois, je vois de
plus en plus d’étrangers dans ma région aussi, bien différent de quand je suis
arrivée ici, il y a 20 ans. C’est important cette impression à partir de la
région de Montréal, naturellement, parce qu’elle comprend presque la moitié de
la population de toute la province du Québec. Mais n’oublions pas l’autre
moitié.
Moi,
je vis dans un « fond de rang », comme on dit. Je crois que je peux
donner mon opinion, en tant qu’immigrante et car je suis mariée avec un Québécois
« pure laine » qui parle et écrit très bien le français, et il en est
fier. Même si mon français ne sera jamais comme celui d’un francophone, j’aime écrire correctement et j’essaie
toujours de m’améliorer. Mais… je dis que, même si j’écrivais bien et si je
parlais bien, je ne serais jamais comme n’importe quel francophone qui
écrit/parle mal ou pas. Je considère que j’ai un bon vocabulaire mais je suis
toujours en train d’apprendre un nouveau mot ici et là. Un mot que les
Québécois ont appris avec la grand-mère, par exemple, qu’ils n’utilisent que
rares fois, mais qui est là dans leurs têtes, qui a une histoire de chez eux,
c’est viscéral. La langue maternelle est ancrée dans l’esprit, elle se mélange
avec la personnalité de la personne, avec ses gestes, son histoire. Je pouvais
avoir un doctorat en linguistique, en littérature, ou quoi que ce soit… que je
ne serais jamais aussi cultivée que les Québécois dans leur langue.
Tout ça pour dire que je
pense que ce n’est pas le fait de parler ou écrire mal qui va déranger. Toutefois, je suis d'accord qu'il faut être fier de notre
façon d’écrire et de parler, correctement, pour que les étrangers respectent notre langue et
aient envie de l’apprendre. Entre autres choses, il faut éviter de dire que la
langue française est la plus difficile au monde. Vrai ou pas vrai, ça a l’air de vouloir justifier les erreurs commises, en plus de
décourager ceux qui veulent apprendre.
À
part la langue, il y a les coutumes. Par ici, en région, les gens gardent les
traditions (au moins les gens que je côtoie) : aller au bois, bûcher, chasser,
pêcher, en respectant la nature, participer du temps des sucres, préparer du ketchup aux fruits et d’autres
recettes québécoises pour conserver en bocaux, faire une épluchette de blé d’Inde,
aller cueillir des fraises et autres, apprécier la bouffe typique du temps de
fêtes (le ragoût de boulettes et de pattes de cochon, la tourtière, etc.),
apprécier la danse et la musique typiques (rigodon, chanson à répondre). Pas
besoin de faire tout ça à tous les jours de l’année, mais quand c’est le temps.
Ces petites choses qui ont l’air de rien font aussi la culture d’un peuple.
Je
ne connaissais rien de ça, avant de déménager ici, mais j’ai appris à aimer
tout ça. J’adore !
Voici
mon message aux Québécois :
Partagez
votre culture avec les immigrants, car si vous la gardez juste pour vous, et si
vous-mêmes, vous ne la « pratiquez » pas, elle va se perdre, c’est
sûr. Cependant, si les immigrants apprennent les traditions, ils vont les
transmettre à leurs enfants, nés au Québec. Ils seront de vrais Québécois…
malgré leur génétique – le bonheur total, car la science ne conseille pas de garder
la « consanguinité », vous le savez.
Une
autre chose que j’ai remarqué c’est que beaucoup de Québécois ont horreur d’entendre
parler de la religion catholique. C’est connu que quelques membres de l’Église ont
été cruels dans plusieurs affaires, mais il y en a qui ont fait beaucoup de
bonnes choses aussi, y compris votre éducation et vos bons principes, c'est un héritage et ça fait
partie de votre histoire. Il y a un côté acceptable dans tout ça, pour gérer
votre fierté,
sinon, au moins pour faire comprendre aux autres qu’ils ne marchent pas sur des
champs vierges en attente d’endoctrinement.
Pour
finaliser, une suggestion pour avoir du plaisir avec la langue française : Cœur ouvert au Festival International de
Littérature,
le plus long micro ouvert[2] à la
présentation d'un texte, qu'il soit lu, récité, chanté, etc., de tout genre
littéraire (poésie, roman, théâtre, essai, etc.). Si je pouvais, j’irais
présenter mes poèmes, ou simplement assister… C’est une excellente façon de
glorifier sa langue, surtout par la poésie, où on joue avec les mots et ses
combinaisons, dans la phonétique et la sémantique.
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