quinta-feira, novembro 03, 2016

Novembre

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Je n’ai jamais oublié les mots d’une des tantes de mon mari, lors de mon premier automne ici au Canada: « Je déteste le mois de novembre, c’est le pire mois de l’année. »
Au début, quand tout était nouveau pour moi, j’ai trouvé qu’elle exagérait. Malgré toute la bureaucratie à laquelle j’ai dû faire face et toutes les dépenses que le changement d’état civil et de pays m’ont coûtés – un vrai tourbillon de mesures à prendre – j’étais enchantée de tout, parce que l’amour nous fait vaincre tous les obstacles. Ce ne serait pas trente jours qui iraient offusquer ma joie.
Cette année-là, on a eu un été ensoleillé et très chaud, l’hémisphère nord avait été généreux au point de me recevoir si chaleureusement, à la hauteur de ma « tropicalité ». L’automne s’est suivi avec toute la beauté des feuillages en couleurs fulgurantes, un spectacle que je ne connaissais que des photos ou des peintures. Ensuite, les feuilles sont tombées, comme on apprend à l’école, mais on n’a pas l’opportunité de témoigner avec la même ampleur dans nos « paradis tropicaux ».
Un court « été des Indiens » s’est présenté, avant que l’hiver vienne m’émerveiller, avec toutes les surprenantes variétés d’état de l’eau – aussi ma première fois à témoigner ces capricieuses formes de H2O solide : les beaux et silencieux cristaux en flocons de neige, mais aussi le redouté verglas – la pluie qui se congèle et se colle sur les surfaces. Sans oublier le froid glacial qui m'a appris des rituels et des gestuels jamais imaginés – des vêtements et même des façons de marcher.
Au fil des ans, je m’habituais, mais jamais comme les gens de ces latitudes. Je garde un certain respect et, pourquoi ne pas dire, de la peur de ces d'états d'humeur de la nature, pas toujours favorable.
Maintenant, je commence à être d'accord avec ma chère tante. Je partage son mécontentement avec ledit mois. Oui, il est le pire de tous. L’obscurité des jours devient plus évidente, le vert reste seulement chez les arbres conifères – un vert sans beaucoup de force à cette époque. Les oiseaux migrateurs ont déjà quitté pour le sud, les insectes et les araignées essaient d’entrer dans nos maisons à la recherche d'un abri, on n’entend plus le chant des oiseaux. Le vent est fort et froid, il annonce que l'hiver ne tardera pas.
Que la neige vienne, alors, pour effacer toutes ces ombres qui veulent prendre possession de nous. Qu’elle vienne refléter nos lumières et éclairer nos chemins. Et quand décembre arrive, notre espoir se renouvellera, la lumière du jour va commencer à rester plus longtemps avec nous. Nous célébrerons le don de la VIE de nouveau. Que Noël vienne!

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